dimanche 20 juin 2010

Un coup de gueule (et il n'est pas de moi!)

Oui je suis penseur... et agacé par la tournure que prennent les événements ici, et pas seulement sur la question du gaz ! On est en train de mettre en oeuvre tout ce qu'on pouvait craindre de pire, et le pays sortira à peine renforcé de ce qui devait être une chance historique. La mise en oeuvre du plan d'action risque bel et bien de ressembler à une mise en scène cynique et arrogante pour ce peuple qui n'en peut plus. La moitié de l'aide internationale pour la première phase de 18 mois devrait transiter par les ONG, ça nous a été annoncé avant-hier par le responsable du fonds en personne. Quel délire !! Où sera la cohésion entre les acteurs ? Quelle place sera donnée aux haïtiens ? Quelle voix aura le gouvernement ? Quel pourcentage de l'aide bénéficiera in fine aux populations locales ?

Sur les 10 milliards d'aides votées, faisons le pari que 70% au moins partira dans des entreprises occidentales, des salaires d'expat et d'experts, des loyers haut de gamme et des véhicules 4X4...

Le peuple crève à la fois de faim et de notre incapacité à agir intelligemment. Nous étions à Camp Corail hier pour une réunion de planification de nos actions économiques dans ce camp. Il faut imaginer le décor : 1 300 tentes alignées les unes derrière les autres sur un parterre de rocaille au pied fe montagnes dépouillées de tout arbre, des latrines au milieu de tout ça comme seul élément de diversion, une chaleur étouffante bien sur.... 3 fois le coordinateur du camp, un sage américain, qui eut été à la retraite depuis 5 ans au moins s'il était français, a été appelé au secours : les gens du camp n'ont plus rien à manger et se tapent dessus à se blesser grièvement. Il en a vu d'autre, mais là, il n'en peut plus. Rarement je n'ai lu une telle détresse dans les yeux de quelqu'un. J'espère que d'ici un mois, nous y appuierons les premières micro-entreprises, c'est celà dont Haïti a besoin.

Ce matin, Cité Soleil, cette fameuse Cité interdite, simili humains errant sans laisse... Repère de brigands en tous genres... Personne n'y entre, si ce n'est la Minustah pour aller à la pêche aux évadés.... .. Bien sur que beaucoup de ceux qui nous sont tombés dessus ont des choses à se reprocher. Rien qu'entre eux, tout marche au règlement de comptes... est-ce une raison pour ne rien faire dans ce quartier ? Certes, quand on agira dans ce quartier au delà des activités de microcrédit que nous menons déjà, la probabilité d'avoir des ennuis est forte. Et au moindre accroc, on nous traitera d'inconscients... est-ce une raison pour laisser mariner 300 000 personnes dans cet incubateur de misère ?

Le gaz : vous et vos excellentes raisons de ne plus vouloir de ces mini-centres, Sodigaz et ses pistons au plus haut niveau de l'Etat pour pérenniser un système auquel vous ne croyez pas, mais qui l'emportera sur vous si un choix devait être fait entre les deux modes de distribution, parce que "Blan nan tribinal, se ravet cont poul" (un blanc au tribunal, c'est un cafard contre une poule). Que fait-on ? Chacun campe sur ses positions et ce ne sera guère que la nième fois qu'Haïti passe à côté de l'enjeu à mes yeux pratiquement le plus déterminant pour l'avenir du pays ? Ou chacun de vous fait des concessions sans forcément se renier pour aboutir à ce compromis qui permettrait à Total et Sodigaz de ne parler que d'une seule voix et augmenterait les chances de voir ce fameux texte de loi sortir enfin ?

J'entends tout ce que tu dis sur les contraintes d'une distribution par minicentre, mais ces contraintes sont-elles vraiment insurmontables ? Si ta réponse est catégorique et oui à 100 %, alors ça va être difficile effectivement. Si par contre tu penses que c'est insurmontable à 95%, alors jouons à fond ces 5% ! C'est un devoir ! Et compte sur nous pour jouer un rôle de conciliateur s'il le faut !!

Et en attendant, équipons ce camp Corail en GPL sur un mode de distribution classique, avoir une vitrine grandeur nature ne fera que mieux vous servir pour la suite ! C'est 1 300 bouteilles à court terme, 5 000 à moyen terme, et sans doute plusieurs dizaines de mini-distributeurs avec une source de revenus... On s'occupe de tout sur place, vous n'avez qu'à mettre à disposition ces bouteilles à proximité...

"Ils ne savaient pas que c'était impossible, donc ils le firent". Nous non plus.

1 commentaire:

  1. Ladier Hélène21 juin 2010 à 02:20

    J'adore ton directeur aussi. On en parle plus d'Haïti ici. ptètre parce qu'on se dit que depuis le temps ça a du être réglé tout ça... on a donné de l'argent et on ne sait pas où il va. nos entreprises pompent tout ce qu'ils peuvent dans ce pays et on ne le sait pas, pire on s'en fout. et puis tu sais, c tellement plus important de parler de la débandade des Bleus...
    Merci Vio :)

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