mercredi 12 janvier 2011

Ce 12 janvier c'est un bien sinistre anniversaire. Il y a 365 jours exactement, presque à l'heure exacte ou j'ecris ce post, la terre tremblait à Port-au-prince causant les dommages que tout le monde connait. Ce jour de mémoire l'occasion pour moi de réécrire un petit mot sur ce blog qui m a tant tenu à coeur. Je vous avouerais que même moi, qui suis pourtant très intéressée par la question haitienne, lire la presse aujourd'hui ca m'a fait CHIER. Tous les journaux rappellent les faits, normal pour une commémoration, puis tous tentent une analyse de qui porte la responsabilité de l"échec de la reconstruction. Tout le monde se montre du doigt. Les ONG critiquent l ONU et l' Etat, l'Etat critique les ONG, l ONU critique l Etat et les ONG...La cour maternelle quoi. Je vous disais dans ce blog il y a 7 mois ma sidération face au fait qu il n y ait que 5 pelleteuses dans tout Port-au-Prince. Et aujourd'hui les journaux disent que c'est incompréhensible que seulement 5% de Port-au-Prince ait été nettoyé. On critique tous, il y en a pas UN seul qui vous dira que les choses avancent à Haiti, tout le monde reconnait l'échec mais ca n'avance pas... Et cela fait maintenant 365j que c'est comme ca. Alors je vais vous éviter la partie rappel des faits et lamentations sur l'échec de TOUT LE MONDE A TOUS LES NIVEAUX  et je vais discuter un peu de la culture, qui vous savez me tient à coeur. Le tremblement de terre a tout pris, il ne reste rien. Il a pris des vies, des maisons, de l' argent, des biens, des aliments... Tout sauf la culture, seule à rester.

 L'UNESCO décrit la culture comme « comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. »Logiquement donc, on devrait s appuyer là dessus pour reconstruire. Il y a de plus en plus de gens qui commencent à défendre cela (l UNESCO en première ligne étant donné que c est son job). Mais c est pas si évident que ca. Par exemple, une chose dont on parle peu et qui m'a énormément choquée quand je suis arrivée dans les milieux onusiens pour des réunions. On y parle anglais. Imaginez-vous, s'il y avait une catastrophe chez nous et que les américains venaient la bouche en coeur nous aider, mais parlaient de la reconstruction de NOTRE pays en anglais... Non. Ca ne se fait pas. On n'est pas des colonisateurs qui venons tester nos dernières visions de l'urbanisme dans une ville rasée.
J ai eu beaucoup de débats depuis mon retour sur la capacité des étrangers que nous sommes a reconstruire Haiti. la supériorité de l'occident en matière technologique ne fait aucun doute, mais alors comment expliquez-vous que les envois d'ingénieurs parmi les meilleurs au monde n'aient rien pu faire pour aider les millions de sans abris à se reloger? La culture, entre autres. On a beau faire venir le mec qui a fait Harvard pour nous construire la maison antisismique la plus perfectionnée possible il y a 99% que personne neveuille y habiter. Premièrement si elle a des trous (par exemple pour aérer, comme j ai vu certaines ONG le faire) ca ne marchera pas a cause des croyances vaudous. Et ensuite j ai vu des gens reconstruire en béton. Peu nombreux sont les haitiens qui voudront se loger dans du béton, même si c'est genre un hotel 3 etoiles. Nous, le 12 janvier, on était pépères chez nous. On n'a pas vécu le séisme. Mais si ca avait été le cas il y a de fortes chances qu'on  ne veuille pas retourner sous du béton. Et encore moins quand on annonce un autre séisme bientôt. Certes au Japon qui a beaucoup de séismes ils ont surement des maisons en béton mais la encore, c'est une question de culture.
 C'est juste un exemple, mais il faut prendre la culture en compte pour tout. C'est elle qui fait la fierté des haitiens, c'est elle leur identité. Les seuls a l'avoir malheureusement compris c'est les évangélistes et voudouisants majoritairement américains (et francais), qui s'appuient sur les croyances variées des haitiens et les exarcebent pour arriver à des discours complètement aberrants. Ce n'est pas étonnant que quasiment les seuls batiments qui ont été remis debout en parfait état ce sont les lieux de cultes des différentes sectes (témoins de Jéhovah, scientologistes à foison). Eux savent où ils vont, partent de quelque chose, la peur des haitiens, et l'utilisent. Il partent de la spiritualité haïtienne pour reconstruire, et ils sont très efficaces. Je ne soutien pas qu'il faut faire comme les sectes, puisqu'elles utilisent la force qu'est la culture à mauvais escient, elles s'en servent pour maintenir les gens dans la peur et le sentiment que les haïtiens ont péché et mérité l'acharnement des forces de la nature qui leur est fait.
Mais on pourrait aussi utiliser la culture comme moteur de la reconstruction. Comprendre la culture haïtienne c'est pas facile,, il faut tout d'abord dépasser le stade "le créole c'est du français pour débiles", "le vaudou c'est une croyance d' illettrés qu'on peut entuber facilement", "le kompa ce n'est pas de la musique", et j'en passe...(non, non, je n'exagère pas, il y en a beaucoup qui pensent ça malheureusement). Les haitiens ne sont pas pauvres d'esprit, leur culture est immense. Ils ont réussi à s'approprier à leur manière toute les choses que la colonisation a laissé, ils ont réussi à se faire une identité propre. Le créole n'est pas du francais simplifié, pour avoir essayé de l'apprendre je peux le dire! J'ai beau voir les photos les plus atroces sur haïti, les films les plus durs, les articles de journaux les plus pessimistes, rien ne m'émeut plus qu'une chanson de kompa. D'ailleurs je zappe le kompa sur mon mp3 quand j'écoute de la musique en public parce qu'une fois sur deux je me met à pleurer. Par cette musique, c'est toute l'ambiance haitienne qui refait surface. Les jeunes qui s'enlacent sur ces notes, les enfants qui chantent à pleins poumons dans leurs camps de réfugiés, les tap-tap qui roulent aux rythmes caliente du kompa, les ouvriers qui sifflotent les airs bien connus....ca fait partie du ciment de la société haitienne.
La communauté internationale sous-estime les haitiens et se fout même ouvertement de leur gueule. Je suis désolée mais rien que le fait que l'ONU ait mis 5 mois à daigner enfin ouvrir une enquete sur les sources du choléra et que tout le monde au début ait pris la dénonciation massive de la population locale des soldats népalais (thèse qui a été validée par un expert français de l'épidémiologie) comme une excuse infondée pour se rebeller contre les pauvres casques bleus de l'ONU qui ne veulent que le bien des haïtiens, et surtout le fait de demander à Médecins Du Monde par exemple de ne pas parler de la source du choléra (donc les népalais) à la population, pour moi c'est un signe évident qu'on veut tout faire comme on l'entend et que les haitiens sont des pantins à qui l'on croit qu'on peut faire tout avaler. Et bien, les mecs, on s'est plantés. Je ne vais pas m'étendre sur les élections qui là, sont un échec de l'ONU (pas besoin de pointer les ONG ou le gouvernement haitien, ca c'était la responsabilité de l'ONU) et qui ont couté 23 millions pour ne récolter que des morts, des manifestations, une instabilité politique dangereuse et la nécessité très probable de devoir recommencer ce premier tour d'élection. Tout, tout, on se plante sur tout. Si on ne veut pas qu'Haïti finisse aux mains des prédicateurs d'avenir comme les sectes ou dans un chaos total, accrochons nous à ce qui nous reste du séisme, la culture, et batissons ensemble à partir de là l'Haïti de demain. Plus facile à dire qu'à faire, certes, mais il faut essayer. Pour ceux qui ont vu l'émission (pas de super qualité) d'Arte hier, voici que la reconstruction des Halles de Port-au-Prince, le marché Hypollite, symbole fort de l'architecture haitienne, a été achevée. ce projet avait été financé par le riche patron accidental de Digicel (compagnie de téléphonie mobile) pour donner un signal fort à la population et un message d'espoir. Malgré tous les problèmes rencontrés dans la construction, qui ont fait comprendre peu à peu la complexité de la culture haitienne aux expatriés, les halles sont aujourd'hui à nouveau debout. Que 2011 suive ce message d'espoir, et comme le chantent les petits de Carrefour -feuilles "Ayiti pap mouri, ayiti pa fini". 

ps: toutes les photos sauf celle des Halles sont des photos du projet d'entrepreneurs du monde financé par l'UNICEF (cf les posts précédents...). Plus de photos: http://picasaweb.google.com/107859985655929576821

mercredi 8 septembre 2010

Quand l'UNICEF dit (enfin!) oui...

Je viens d'apprendre que l'UNICEF a donné une réponse favorable à la demande de fond pour un projet que Julien et moi avions monté pour les activités à Carrefour feuilles. Ce projet, estimé à 143 000 $, permettra de mettre en place des activités pour les enfants (danse chant tambour artisanat, écriture d'un journal de quartier, sport, flute...), des formations pour les 16-22 ans (ébenisterie, électricité, artisanat) ainsi qu'un volet prévention santé. Ca va permettre à Carrefour feuilles de continuer à vivre au rythme des tambours et du sourire de ses jeunes.
C'est une (TRESSSSSSSS) bonne nouvelle!
Sinon pour vous donner quelques nouvelles Johnson l'animateur avec lequel je travaillais a organisé un grand spectacle des enfants de cité soleil qui a été une réussite et qui est le fruit d'un long travail. Un blog a été mis en place (je vous invite à la consulter): http://haiti-entrepreneursdumonde.blogspot.com/

dimanche 25 juillet 2010

Les vidéos (ah cette chère connexion parisienne!)

Ca fait une semaine que j'essaie de vous mettre en ligne des vidéos et une fois à Paris c'est fait en 5 min...(la qualité youtube est pourrie m'enfin!).
La petite vidéo du chant des enfants....

...etla vidéo de cloture que j'ai faite du projet "Sinema Espwa" (qui sera projeté la ssemaine prochaine, on n'a pas pu le faire avant à cause du temps)

samedi 24 juillet 2010

Départ le coeur gros

Je ne sais pas par où commencer. Tout se bouscule dans ma tête. Pour vous dire vrai, si proche de mon départ, je suis complètement perdue. Je le dis depuis le début, je suis contente de rentrer. Mais des sentiments contradictoires me tiraillent. Je vais avoir énormément de mal à quitter ce pays, à retourner à mes études (après plus d'un an de glandouille) et surtout, je n'arrive plus à me rappeler pourquoi j'ai choisi un master en maths et éco alors que je n'aime pas franchement ni l'un ni l'autre et que je n'ai pas du tout le niveau requis (et j'ai manqué les cours de mise à niveau puisqu'ils étaient en juin).
Mais surtout, j'ai beaucoup changé. Voyez vous, quand je suis arrivée, je me suis tout de suite dit « l'humanitaire sur le terrain, plus jamais ». Et maintenant je réfléchis à mon prochain départ en mission. Il m'a fallu du temps pour me sentir à ma place dans ce monde humanitaire, dans cette ville dévastée, dans cette ambiance pesante. Je cherchais un sens à ma venue ici, je l'ai trouvé, j'ai trouvé bien plus. Il y a quelques jours, un gars me demandait à une soirée « je ne comprends pas l'intérêt pour une ONG d'envoyer une stagiaire de 20 ans dans un pays dans une telle situation ». Ca m'a fait réfléchir et j'ai été assez surprise de voire que j'avais plein d'arguments pour lui répondre (et me défendre :-P). Mais il faut que je reconnaisse qu'envoyer une stagiaire, qui plus est de mon âge, n'est pas courant. Entrepreneurs du Monde est une ONG atypique, un peu à l'arrache niveau sécurité, mais qui croit à ce qu'elle défend, qui est vraie, qui ne ment pas, qui ne fais pas de chichis. Et surtout elle prend des risques. On est une des seules ONG de petite taille à avoir mis un pied à Cité Soleil. On va monter un projet d'entreprenariat à Camp Corail, là où toutes les ONG sont en train de se défiler devant leurs échecs. Je pourrais vous faire une liste looooongue. Ils ont pris aussi un risque et une responsabilité importante en m'envoyant à Port-au-Prince, tout d'abord parce que je manque d'expérience et ensuite parce qu'on voit tout de suite que je suis jeune et je peux etre potentiellement une cible facile pour les attaques en tout genre. Mais ils m'ont acceptée dans leur équipe comme l'une des leurs, une humanitaire en mission. Comme toute stagiaire, j'ai plus appris que ce que j'ai apporté. C'est ça ce que j'expliquais à monsieur « je-ne-comprends-pas-a-quoi-servent-les-stagiaires »: c'est un investissement pour le futur. C'est une formation. Et toute ONG qui se respecte devrait encourager des stages parce que c'est ça qui permet d'avoir une première expérience dans le domaine, mais surtout d'apprendre pour mieux faire quand on aura des responsabilités. Ca éviterait à des bureaucrates de débarquer sur le terrain à 40 ans en n'ayant jamais rien vu d'autres que Paris...Par ailleurs, EDM m'a laissée une marge de manoeuvre très importante. Loin de « servir les cafés », j'ai pu etre responsable d'un projet de cinéma en plein air, monter et écrire une demande de fonds de 140 000 euros, travailler dans les camps à Cité Soleil, faire des rapports au PNUD, assister à diverses réunions...autant de choses qui m'ont permis de m'épanouir dans ce que j'ai fait ici. Pour cela, je veux remercier EDM pour la confiance qu'ils m'ont faite et l'expérience qu'ils m'ont permi de vivre.
Ces 3 mois ont été très denses, aujourd'hui quand j'en fait le bilan, c'est le mot « difficile » qui me vient en premier à l'esprit. Oui, ça a été difficile, surtout le premier mois. Mais je suis contente d'être restée jusqu'au bout, parce que ce n'est que depuis un mois que je me sens vraiment à l'aise, que je commence à parler créole, que je chantonne le kompa, que ...que j'aime ce pays.
Hier c'était une journée émotionnellement très dense et difficile. J'ai arpenté tous les camps à Cité Soleil. Les haïtiens aiment bien les aurevoirs très démonstratifs et mélodramatiques, ce qui rend la tâche encore plus difficile. A chaque fois que je rentre dans une tente d'animation les enfants disent en choeur « bonjour mademoiselle Violaine », ca me fait sourire. Un groupe d'enfant m'a chanté une chanson, j'ai la vidéo mais elle est trop grosse pour ma connexion, qui faisait « qui peut faire de la voile sans vent, qui peut ramer sans rame, et qui peut laisser un ami sans verser de larme. Adieu, adieu ma chère Violaine, adieu adieu ma chère Violaine, mais comme partir ne signifie pas mourir, nous nous reverrons ». Je luttais pour ne pas fondre en larme. Mais à chaque fois que je quittais un camp, c'était le sourire aux lèvres. On a vu des enfants trop fiers nous montrer leurs créations d'artisanat: macramés, crochet, sacs avec des matières recyclés..., des enfants jouer du tambour avec talent, des chorales se mettre en place dans les cours de chant...les animateurs ont des étoiles dans les yeux, et Johnson et moi ça nous donne des ailes. Je dis toujours « on » pour l'animation, nous étions une belle équipe soudée, que je suis triste de laisser. Mi-Aout, Johnson a l'ambition de réunir les 4 camps pour faire une grande manifestation culturelle avec un spectacle des enfants. Si j'avais de l'argent et aucune conscience écologique, je reprendrai l'avion pour voir ça. Un spectacle comme cela à Cité Soleil, si c'est réussi, c'est quelque chose de grand! Tout ca pour vous dire que l'animation fait vraiment de belles choses, que j'aurais voulu que vous voyiez le sourire de ces enfants. L'arrivée à Haïti a été très difficile pour moi, le départ l'est encore plus.
la team animation: de g. a D. : Johnson, Nadine, moi, Julien
Lorena qui est chargée de la communication à EDM va faire un blog je vous mettrai l'adresse. Je mettrai aussi un post quand j'aurai la réponse UNICEF (patience....).

mardi 20 juillet 2010

Questions d'adoption

En ce moment à la maison nous avons deux amies d'un expat qui sont ici pour faire avancer leurs procédures d'adoption, ce qui m'a permis de connaître un peu mieux ce phénomène. Hier à diner on avait invité un monsieur chargé par le gouvernement de régulariser un peu les choses. Remettons les choses dans leur contexte: très peu d'enfants adoptés en Haïti (il me semble que j'ai entendu 10%) sont orphelins. Pour les autres, les parents biologiques ne veulent pas les garder parce qu'ils n'ont pas les moyens de les élever. Le monsieur disait hier à juste titre que si l'ont ouvrait l'adoption à 10 000 enfants on aurait 10 000 enfants, et que c'est un processus très délicat. En effet, la plupart des parents, outre le fait de souhaiter un avenir meilleur pour leur enfant, comptent aussi parfois sur lui pour les aider financièrement plus tard. Comme je vous l'avais dit, c'est très fréquent quand vous êtes blanc qu'on vous propose un enfant dans la rue, de façon très sérieuse. L'adoption ici est estimée pour coûter en tout (avec les trajets, les démarches...) entre 10 000 et 15 000 euros. Il faut payer un avocat, se loger quand on vient sur place etc. Les enfants en attente d'être adoptés sont mis dans des « crèches ». Il y a des crèches tout à fait respectables et d'autres glauques, où les enfants sont maltraités, il y a même eu le cas d'un crèche repère de pédophiles. Il y a un tableau assez noir sur l'adoption en Haïti (avec une absence totale de l'Etat sur le sujet pour le moment, les crèches ont toutes les cartes en main pour faire ce qu'elles veulent). De l'autre côté, il y a ces parents, ces mères, comme les deux qu'on reçoit ici, qui doivent attendre 1 à 2 ans pour pouvoir emmener leur enfant adoptif en France. Quand elle parlent de leur petit, c'est avec des étoiles dans les yeux, et à la question débile que le juge haïtien leur a posée ,« vous pensez pouvoir aimer un enfant noir? », la réponse ne fait aucun doute. Elles se démènent pour leur enfant, enchaînent les voyages couteux, les démarches à n'en plus finir, les changements de législation après le 12 janvier....sans désespérer.
Alors que penser de l'adoption? Je ne sais pas trop comment me positionner, quand on voit la condition de vie de ces gosses c'est sur qu'on se dit qu'une vie en France est une chance inespérée mais ne vaut-il pas mieux combattre la pauvreté efficacement et de pouvoir leur offrir des conditions de vies décentes dans leur pays? Facile à dire....mais à faire....
Sinon pour vous donner des mes petites nouvelles, mon départ approche (dans 4 jours). Quitter ce pays va être bien plus dur que je ne l'imaginais, j'y reviendrai dans un prochain post.
Pour vous continuer ma saga « eau potable à Radio Commerce », après l'anonce de MSF comme quoi l'eau était potable j'ai fait du lobbying pour qu'on l'utilise. Les gens me disent « Dlo la li pa potabl! » et j'avais beau argumenter que si, rien à faire. Finalement quelqu'un me dit « ok, ou ap goute li » (ok, tu vas la gouter alors (mon créole n'est pas bon m'enfin)). Je ne peux franchement pas dire que je veux pas la goûter je ne peux pas être crédible sinon. J'ai donc pris ma bouteille et devant tous les regards des gens du camp je l'ai remplie et bue. Elle a un sale goût salé-chloré. Après c'était psychologique je me disais « tu vas tomber malade, tu vas tomber malade... « . mais finalement non, je suis en pleine forme et je suis allée le leur montrer donc bon, je vais pouvoir reprendre mon lobbying!
Sinon cela fait une semaine qu'on doit clôturer le projet « Sinema Espawa », le cinéma en plein air. Il pleut tout le temps a chaque fois on doit le reporter j'espère vraiment qu'on pourra le faire avant mon départ, on a prévu des chants, des danse, j'ai fait un diaporama/film (que je vous mettrai en ligne si ma connexion s'y résigne) et on voulait projetter Shrek. Demain si Dieu le veut (expression qui ponctue toutes les fins de phrases ici) !


Concernant le projet UNICEF, cela fait un mois que j'attends une réponse, délai qu'on m'avait annoncé. Hier je les appelle et on me dit que la dame qui est chargée de mon dossier est en vacances jusqu'à mi-aout. Elle a refilé la demande de fonds à une autre fille qui a des piles de dossiers sur son bureau et qui m'a bien fait comprendre que ca allait prendre du temps. Et voilà...je dois expliquer à un comité de quartier super impatient et à des enfants motivés qu'on doit attendre que madame rentre de vacances... et je ne pourrai pas voir le début de ce projet qui me tient quand même énormément à coeur puisqu'avec Julien on a beaucoup travaillé dessus et que je l'ai rédigé avec amour :-S
Alalalalalala...les institutions à administrations tantaculaires, comment voulez-vous que 6 mois après on puisse tirer un bilan positif si il leur faut 3 mois pour accepter une demande de fonds???

vendredi 16 juillet 2010

Ti moun yo

C'est pour eux qu'on continue d'y croire, c'est de leur sourire qu'on tire le notre, c'est nos rayons de soleil

lundi 12 juillet 2010

Bilan des 6 mois II: A quoi sert le journalisme?

J'annonce tout de suite la couleur: je suis E-N-E-R-V-E-E.
Je me suis ruée sur internet pour voir les échos de la presse internationale sur le bilan des 6 mois d'action humanitaire à Haïti. Déjà, pour commencer, peu de médias en parlent. Si vous tapez « Haïti 6 mois » dans google vous avez tous les bilans et cris d'alarmes des ONGs: MDM, ACTED, Care, PLAN... normal, il faut bien continuer à récolter des fonds. Mais dans les médias (hors ONG), c'est juste du grand n'importe quoi. On trouve du « Haïti, 6 mois après: frustration » (Alterpresse), « Haïti, 6 mois après: encore dans les gravats » (France 24), « Haïti, 6 mois après, les ONG disent leur inquiétude » (le nouvel obs), « Six mois après le séisme, la reconstruction d'Haïti tarde toujours » (Le Point), « Haïti 6 mois après le séisme »: tout reste à reconstruire » (France Info), « six mois après le séisme, de conditions de vie épouvantables » (Courrier international).
Tous s'accordent sur le fait que la reconstruction est trop lente et une inquiétude se fait sentir dans TOUS les articles: « les 10 milliards promis par la communauté internationale vont-ils arriver? ». MAIS BORDEL C EST PAS CA LE PROBLEME!!! Déjà les 10 milliards en question sur la partie qui est arrivée une très grande proportion va aller normalement aux ONG dans une désorganisation la plus totale. Mais ensuite pour le moment ce n'est pas vraiment une question d'argent. L'argent il y en a. C'est ce qu'on en fait qui est critique. Et AUCUN article (si quelqu'un en trouve je veux bien!) ne se demande pourquoi avec tant d'argent déjà mis sur la table on a si peu fait. Personne ne 'interroge sur le fait que si on a bien ces 10 milliard, que va-t-on en faire? Y a-t-il quelqu'un à la barre du paquebot haïtien qui va finir en Titanic??? Personne n'évalue le travail des ONG, de l'ONU et du gouvernement. Ca sert à quoi le journalisme???????? Ca m'énerveeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee!  Le Monde est peut-être celui qui a fait le plus d'effort critique: http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/07/12/haiti-ou-les-limites-de-la-solidarite-internationale_1386804_3232.html mais bon ça reste flou.  Je suis tellement énervée je tourne en rond, je fulmine, je parle toute seule.
Et à côté de toutes ce conneries la réalité terrain est déprimante. Quelque cas concrets qui se sont déroulés aujourd'hui. Premièrement la question de l'eau potable à Radio Commerce. Vous savez quoi? En fait j'ai rencontré MDM qui m'ont dit que MSF et World Vision avaient fait plusieurs tests et que malgré le fait que l'eau était trop chlorée (aquatabs en force!) elle était potable. On m'a dit que les gens ne voulaient pas la boire car ils pensent qu'elle est la cause de leurs maladies (diarrhées etc.). Selon MDM, c'est surtout attribué à l'insalubrité de leurs récipients pour prendre l'eau et à l'hygiène désastreuse sur le camp: il n'y a par exemple pas un seul toilette. Les gens font leurs besoins dans des sacs en plastiques qu'ils jettent un peu partout. J'ai du répéter plusieurs fois « vous êtes surs qu'il n'y a pas UN SEUL toilette? » pour y croire.
Deuxième baffe dans la gueule: a midi j'ai mangé pour la première fois sur le camp. Riz pois-poulet, comme d'hab (j'aime pas le riz pois). J'ai picoré sans trop d'appétit. A peine j'avais reposé mon plat que 4 gosses m'ont sauté dessus pour se battre pour les grains de riz restants et les petits bouts de chair de poulet que je n'avais pas mangé...horrible. Puis une dame est passée avec un bébé dans les bras en me demandant si je voulais pas l'emmener. C'est pas la première fois qu'on me demande ca et les gens ne le disent pas en blaguant, ce qui rend la situation encore plus atroce. Bref.
Sinon aujourd'hui le sous secrétaire général de l'ONU (en dessous de Ban Ki Moon), John Holmes, est venu dans un camp où nous travaillons. Il y avait beaucoup de monde et surtout énormément de casques bleus. C'est un vieux monsieur anglais qui parle bien le français et qui vous pose des questions en faisant semblant que ça l'interesse (« vous avez beaucoup d'enfants? » « Ah ok »). Je vous mettrai des photos.