samedi 24 juillet 2010

Départ le coeur gros

Je ne sais pas par où commencer. Tout se bouscule dans ma tête. Pour vous dire vrai, si proche de mon départ, je suis complètement perdue. Je le dis depuis le début, je suis contente de rentrer. Mais des sentiments contradictoires me tiraillent. Je vais avoir énormément de mal à quitter ce pays, à retourner à mes études (après plus d'un an de glandouille) et surtout, je n'arrive plus à me rappeler pourquoi j'ai choisi un master en maths et éco alors que je n'aime pas franchement ni l'un ni l'autre et que je n'ai pas du tout le niveau requis (et j'ai manqué les cours de mise à niveau puisqu'ils étaient en juin).
Mais surtout, j'ai beaucoup changé. Voyez vous, quand je suis arrivée, je me suis tout de suite dit « l'humanitaire sur le terrain, plus jamais ». Et maintenant je réfléchis à mon prochain départ en mission. Il m'a fallu du temps pour me sentir à ma place dans ce monde humanitaire, dans cette ville dévastée, dans cette ambiance pesante. Je cherchais un sens à ma venue ici, je l'ai trouvé, j'ai trouvé bien plus. Il y a quelques jours, un gars me demandait à une soirée « je ne comprends pas l'intérêt pour une ONG d'envoyer une stagiaire de 20 ans dans un pays dans une telle situation ». Ca m'a fait réfléchir et j'ai été assez surprise de voire que j'avais plein d'arguments pour lui répondre (et me défendre :-P). Mais il faut que je reconnaisse qu'envoyer une stagiaire, qui plus est de mon âge, n'est pas courant. Entrepreneurs du Monde est une ONG atypique, un peu à l'arrache niveau sécurité, mais qui croit à ce qu'elle défend, qui est vraie, qui ne ment pas, qui ne fais pas de chichis. Et surtout elle prend des risques. On est une des seules ONG de petite taille à avoir mis un pied à Cité Soleil. On va monter un projet d'entreprenariat à Camp Corail, là où toutes les ONG sont en train de se défiler devant leurs échecs. Je pourrais vous faire une liste looooongue. Ils ont pris aussi un risque et une responsabilité importante en m'envoyant à Port-au-Prince, tout d'abord parce que je manque d'expérience et ensuite parce qu'on voit tout de suite que je suis jeune et je peux etre potentiellement une cible facile pour les attaques en tout genre. Mais ils m'ont acceptée dans leur équipe comme l'une des leurs, une humanitaire en mission. Comme toute stagiaire, j'ai plus appris que ce que j'ai apporté. C'est ça ce que j'expliquais à monsieur « je-ne-comprends-pas-a-quoi-servent-les-stagiaires »: c'est un investissement pour le futur. C'est une formation. Et toute ONG qui se respecte devrait encourager des stages parce que c'est ça qui permet d'avoir une première expérience dans le domaine, mais surtout d'apprendre pour mieux faire quand on aura des responsabilités. Ca éviterait à des bureaucrates de débarquer sur le terrain à 40 ans en n'ayant jamais rien vu d'autres que Paris...Par ailleurs, EDM m'a laissée une marge de manoeuvre très importante. Loin de « servir les cafés », j'ai pu etre responsable d'un projet de cinéma en plein air, monter et écrire une demande de fonds de 140 000 euros, travailler dans les camps à Cité Soleil, faire des rapports au PNUD, assister à diverses réunions...autant de choses qui m'ont permis de m'épanouir dans ce que j'ai fait ici. Pour cela, je veux remercier EDM pour la confiance qu'ils m'ont faite et l'expérience qu'ils m'ont permi de vivre.
Ces 3 mois ont été très denses, aujourd'hui quand j'en fait le bilan, c'est le mot « difficile » qui me vient en premier à l'esprit. Oui, ça a été difficile, surtout le premier mois. Mais je suis contente d'être restée jusqu'au bout, parce que ce n'est que depuis un mois que je me sens vraiment à l'aise, que je commence à parler créole, que je chantonne le kompa, que ...que j'aime ce pays.
Hier c'était une journée émotionnellement très dense et difficile. J'ai arpenté tous les camps à Cité Soleil. Les haïtiens aiment bien les aurevoirs très démonstratifs et mélodramatiques, ce qui rend la tâche encore plus difficile. A chaque fois que je rentre dans une tente d'animation les enfants disent en choeur « bonjour mademoiselle Violaine », ca me fait sourire. Un groupe d'enfant m'a chanté une chanson, j'ai la vidéo mais elle est trop grosse pour ma connexion, qui faisait « qui peut faire de la voile sans vent, qui peut ramer sans rame, et qui peut laisser un ami sans verser de larme. Adieu, adieu ma chère Violaine, adieu adieu ma chère Violaine, mais comme partir ne signifie pas mourir, nous nous reverrons ». Je luttais pour ne pas fondre en larme. Mais à chaque fois que je quittais un camp, c'était le sourire aux lèvres. On a vu des enfants trop fiers nous montrer leurs créations d'artisanat: macramés, crochet, sacs avec des matières recyclés..., des enfants jouer du tambour avec talent, des chorales se mettre en place dans les cours de chant...les animateurs ont des étoiles dans les yeux, et Johnson et moi ça nous donne des ailes. Je dis toujours « on » pour l'animation, nous étions une belle équipe soudée, que je suis triste de laisser. Mi-Aout, Johnson a l'ambition de réunir les 4 camps pour faire une grande manifestation culturelle avec un spectacle des enfants. Si j'avais de l'argent et aucune conscience écologique, je reprendrai l'avion pour voir ça. Un spectacle comme cela à Cité Soleil, si c'est réussi, c'est quelque chose de grand! Tout ca pour vous dire que l'animation fait vraiment de belles choses, que j'aurais voulu que vous voyiez le sourire de ces enfants. L'arrivée à Haïti a été très difficile pour moi, le départ l'est encore plus.
la team animation: de g. a D. : Johnson, Nadine, moi, Julien
Lorena qui est chargée de la communication à EDM va faire un blog je vous mettrai l'adresse. Je mettrai aussi un post quand j'aurai la réponse UNICEF (patience....).

1 commentaire:

  1. En tout cas c'était un plaisir de suivre tes aventures ici, comme ça l'était sur ton blog des Philippines ! Je ne sais pas si c'est réellement le cas mais j'ai l'impression que tu as évolué depuis le début de l'année dernière et ces derniers jours...

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