mardi 20 juillet 2010

Questions d'adoption

En ce moment à la maison nous avons deux amies d'un expat qui sont ici pour faire avancer leurs procédures d'adoption, ce qui m'a permis de connaître un peu mieux ce phénomène. Hier à diner on avait invité un monsieur chargé par le gouvernement de régulariser un peu les choses. Remettons les choses dans leur contexte: très peu d'enfants adoptés en Haïti (il me semble que j'ai entendu 10%) sont orphelins. Pour les autres, les parents biologiques ne veulent pas les garder parce qu'ils n'ont pas les moyens de les élever. Le monsieur disait hier à juste titre que si l'ont ouvrait l'adoption à 10 000 enfants on aurait 10 000 enfants, et que c'est un processus très délicat. En effet, la plupart des parents, outre le fait de souhaiter un avenir meilleur pour leur enfant, comptent aussi parfois sur lui pour les aider financièrement plus tard. Comme je vous l'avais dit, c'est très fréquent quand vous êtes blanc qu'on vous propose un enfant dans la rue, de façon très sérieuse. L'adoption ici est estimée pour coûter en tout (avec les trajets, les démarches...) entre 10 000 et 15 000 euros. Il faut payer un avocat, se loger quand on vient sur place etc. Les enfants en attente d'être adoptés sont mis dans des « crèches ». Il y a des crèches tout à fait respectables et d'autres glauques, où les enfants sont maltraités, il y a même eu le cas d'un crèche repère de pédophiles. Il y a un tableau assez noir sur l'adoption en Haïti (avec une absence totale de l'Etat sur le sujet pour le moment, les crèches ont toutes les cartes en main pour faire ce qu'elles veulent). De l'autre côté, il y a ces parents, ces mères, comme les deux qu'on reçoit ici, qui doivent attendre 1 à 2 ans pour pouvoir emmener leur enfant adoptif en France. Quand elle parlent de leur petit, c'est avec des étoiles dans les yeux, et à la question débile que le juge haïtien leur a posée ,« vous pensez pouvoir aimer un enfant noir? », la réponse ne fait aucun doute. Elles se démènent pour leur enfant, enchaînent les voyages couteux, les démarches à n'en plus finir, les changements de législation après le 12 janvier....sans désespérer.
Alors que penser de l'adoption? Je ne sais pas trop comment me positionner, quand on voit la condition de vie de ces gosses c'est sur qu'on se dit qu'une vie en France est une chance inespérée mais ne vaut-il pas mieux combattre la pauvreté efficacement et de pouvoir leur offrir des conditions de vies décentes dans leur pays? Facile à dire....mais à faire....
Sinon pour vous donner des mes petites nouvelles, mon départ approche (dans 4 jours). Quitter ce pays va être bien plus dur que je ne l'imaginais, j'y reviendrai dans un prochain post.
Pour vous continuer ma saga « eau potable à Radio Commerce », après l'anonce de MSF comme quoi l'eau était potable j'ai fait du lobbying pour qu'on l'utilise. Les gens me disent « Dlo la li pa potabl! » et j'avais beau argumenter que si, rien à faire. Finalement quelqu'un me dit « ok, ou ap goute li » (ok, tu vas la gouter alors (mon créole n'est pas bon m'enfin)). Je ne peux franchement pas dire que je veux pas la goûter je ne peux pas être crédible sinon. J'ai donc pris ma bouteille et devant tous les regards des gens du camp je l'ai remplie et bue. Elle a un sale goût salé-chloré. Après c'était psychologique je me disais « tu vas tomber malade, tu vas tomber malade... « . mais finalement non, je suis en pleine forme et je suis allée le leur montrer donc bon, je vais pouvoir reprendre mon lobbying!
Sinon cela fait une semaine qu'on doit clôturer le projet « Sinema Espawa », le cinéma en plein air. Il pleut tout le temps a chaque fois on doit le reporter j'espère vraiment qu'on pourra le faire avant mon départ, on a prévu des chants, des danse, j'ai fait un diaporama/film (que je vous mettrai en ligne si ma connexion s'y résigne) et on voulait projetter Shrek. Demain si Dieu le veut (expression qui ponctue toutes les fins de phrases ici) !


Concernant le projet UNICEF, cela fait un mois que j'attends une réponse, délai qu'on m'avait annoncé. Hier je les appelle et on me dit que la dame qui est chargée de mon dossier est en vacances jusqu'à mi-aout. Elle a refilé la demande de fonds à une autre fille qui a des piles de dossiers sur son bureau et qui m'a bien fait comprendre que ca allait prendre du temps. Et voilà...je dois expliquer à un comité de quartier super impatient et à des enfants motivés qu'on doit attendre que madame rentre de vacances... et je ne pourrai pas voir le début de ce projet qui me tient quand même énormément à coeur puisqu'avec Julien on a beaucoup travaillé dessus et que je l'ai rédigé avec amour :-S
Alalalalalala...les institutions à administrations tantaculaires, comment voulez-vous que 6 mois après on puisse tirer un bilan positif si il leur faut 3 mois pour accepter une demande de fonds???

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