samedi 1 mai 2010

Premières impressions


Il y a tellement de choses que j’ai envie de vous raconter que je ne sais même pas par ou commencer. Dans l’avion, j’ai fait des rencontres diverses et variées : des haïtiens domiciliés à Paris qui retournaient voir leur proches, un journaliste de Libération, 4 menuisiers charpentiers français, un étudiant français qui allait à Saint Domingue…
 A l’arrivée, il fait très chaud et c’est un brouhaha fou, mais heureusement Emilie d’Entrepreneurs du Monde m’attend avec un petit panneau « bienvenue Violaine ». Je suis ensuite très surprise par le luxe de l’endroit ou l’on loge : moi qui m’étais faite des films en pensant que ca allait être très rudimentaire, eh bien pas du tout ! Je vais vous mettre une photo dès que possible vous jugerez de vous-même. Le soir, il y a un repas avec d’autres personnes de différentes ONG et ensuite ils vont a un concert (moi je tombe de fatigue). Ca peut paraitre débile mais dans ma tête les humanitaires travaillent non-stop sans penser à autre chose pendant une courte durée qu’impose la mission. En fait c’est un métier plutôt comme un autre, tu travailles la journée et tu as tes soirées et tes week-ends en général ( même si c’est quand même plus prenant que d’autres métiers). Ici tout le monde se connait. Ils se sont rencontrés au Tchad, au Mali, en Equateur, en Ouzbekistan… L’humanitaire classique  ici a environ 30 ans, il a déjà parcouru plus de pays que le reste des gens ne le font en une vie, il ne prend pas de Nivaquine (anti-palu) car il a déjà le paludisme et il parle au minimum 5 langues. C’est un défi pour moi que de réussir à m’intégrer dans une équipe qui est plus âgée et  avec énormément plus d’expérience que moi. Je vous présenterai l’équipe EDM plus tard (ca va pas être long on est 4 français). 
Hier matin je suis allée à une réunion avec Oxfam qui présentait un rapport de recherche sur la situation post-séisme. Ce que j’en ai retenu c’est que tout d’abord tout est question d’économie. Tenez, un exemple. La chercheuse nous a expliqué qu’elle pensait que ce n’était pas un problème d’offre qu’on avait actuellement à faire sur le marché mais un problème de demande : les gens n’achètent pas. Pourquoi ? Parce que déjà ils n’ont pas d’argent et ensuite avec l’aide internationale massive gratuite ils n’achètent pas. Si on prend le cas emblématique du riz : les américains ont inondé le marché avec du riz en provenance des US et gratuit, ce qui a fait complètement plonger le riz local haïtien, et donc les producteurs de riz, même des régions qui n’ont pas été touchées, se retrouvent en grave difficultés financières.  La première grande aberration que l’on peut noter quand on arrive ici c’est le problème d’information et de communication entre les acteurs humanitaires. Il n’y a pas une institution qui fasse office d’organisme de coopération entre les ONG et j’ai l’impression que c’est un temps perdu énorme que les ONG passent à se rencontrer bilatéralement, ou en groupe, ou à essayer de se coordonner. L’exemple le plus frappant est sur les enquêtes de terrain. La chercheuse d’Oxfam disait qu’elle n’avait pas eu les moyens humains nécessaires pour faire une enquête plus précise, et chaque ONG est en train de dépenser du temps et de l’argent pour faire des enquêtes de terrains pour avoir des chiffres et des informations sur l’évolution des choses mais pourquoi n’y a-t-il pas une organisation internationale qui soit chargée de le faire (et de bien le faire !) ?  Ensuite ont été abordés les thèmes de la difficulté de faire d’Haiti un « pays viable, non plus sous perfusion humanitaire », dans un contexte où le gouvernement ne donne pas de politique claire aux ONG et que chacun met ses actions en place dans sa zone sans grande coordination générale. Bref, vous l’avez compris, la situation n’est pas des plus rose. Mais c’est très intéressant, j’écoute, certaines choses m’énervent, d’autres me laissent pessimiste, et enfin il y a quand même des petites lueurs d’espoir.. Je voudrais prendre des photos mais je n’ose pas, ce n’est pas comme aux Philippines où les gens sont très heureux d’êtres pris en photo. C’est impressionnant de voir que 4 mois après le séisme, les gravas sont encore au milieu des routes, les batiments les plus massifs (Eglises, supermarché…) sont effondrés et il y a des campements de tentes bleues partout dans la ville.

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