Je vais essayer de ne pas être trop longue mais encore une fois, j’ai beaucoup de choses a raconter. Normalement, il y a une réunion demain avec toute l’équipe pour statuer sur ma tâche (enfin) car cette semaine j’ai pris connaissance des divers programmes et j’ai assisté à de nombreuses réunions avec le directeur d’EDM afin de me familiariser avec la situation. Il y a énormément d’incohérences dans l’aide internationale. Rien que concernant ma journée de samedi, voici les aberrations que j’ai relevées :
- Samedi après-midi nous sommes allés visiter le camp de réfugiés Corail, un peu en dehors de Port-au-Prince : des tentes blanches au milieu d’un désert de cailloux, rien autour, une chaleur insoutenable(cf les photos). Qui gère ca ? World Vision pour les tentes, Oxfam pour l’eau, l’OIM pour la sécurité, Save the Children pour la santé…tout ca dans une désorganisation la plus totale. Les 5000 personnes qui y sont vont-elles rester ? Doit-on construire des maisons ou attendre que la pluie ravage les tentes ? C’est loin de la ville, il n’y a pas de travail, quel avenir ? Faut-il y construire une petite ville comme on ferait un village de playmobiles (allez hop un magasin, hop un hopital, pourquoi pas une petite école…) ? Je vous avouerais que ca m’a beaucoup marquée (et choquée).
- A la tombée de la nuit me voilà rendue dans une soirée ACF (je vous laisse chercher ce que les abréviations signifient, c’est pour moi un vrai labyrinthe entre les HI, OIM, BID, MINUSTA, MDM, MSF, WINNER, HI5, PNUD, PAM, et j’en passe !). Ambiance pas si loin d’Erasmus, comme d’hab je suis la plus jeune mais tant pis ! J’ai eu des discussions très intéressantes sur l’aide internationale avec des humanitaires. Les urgentistes font leur action d’urgence (perfusion humanitaire) et les acteurs du développement…ne se causent pas vraiment entre eux. De nombreuses ONG veulent faire des « villages pilotes » avec leur vision des choses. Dans 3 ans Haiti ne serait qu’un puzzle de villages pilotes ? Autre chose impensable: "la surliquidité", ou la pression qu'on les ONG pour dépenser dans les délais l'argent des bailleurs (ceux qui donnent, donc nous quoi, l'UE, l'ONU, etc.). Dérive possible: de grosses dépenses inutiles et irréfléchies.
J’essaye de partager un peu les questions que je me pose mais face à cette vision négative des choses il y a aussi de gros efforts de la part des ONG d’innover et de tenter malgré tout de se coordonner pour vraiment changer la situation ici. Par exemple EDM se bat pour imposer le gaz face au charbon qui est massivement utilisé (cher et déforestation). Tout le monde est d’accord pour dire qu’il faut changer, mais ce n’est pas fait. Ne me demandez pas pourquoi…
Je commence à prendre un peu plus de photos, je vais les mettre rapidement dans une galerie Picasa.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire