dimanche 23 mai 2010

Cinéma en plein air...sous la pluie


15h30, j'attends l'animateur haïtien qui travaille avec moi sur le projet du cinéma. La psy (dsl de l'appeler toujours « la psy » mais j'ai pas eu l'autorisation de mettre les prénoms sur ce blog) voulait lui parler en tête-à-tête avant car ces temps-ci il est souvent absent, compte toutes ses heures, et n'est franchement pas concentré dans son travail. J'entends des cris dans le bureau, ça part en insultes et finalement l'animateur me dit que c'est hors de question qu'il vienne avec moi. Je me retrouve seule au volant du 4*4 pour aller chercher l'ingénieur du matériel de ciné. Miraculeusement je trouve mon chemin sans encombres et on monte dans les hauteurs de Port-au-Prince par de petites rues pour aller à Carrefour feuilles (là ou nous faisons les projections). Le ciel est menaçant mais on essaie de ne pas trop y prêter attention. L'installation se fait devant la curiosité des enfants venus observer cet étrange écran gonflable. Puis la nuit tombe, et Kirikou entre en scène. Les enfants sont fascinés...trop beau pour être vrai! « Dame pluie » ,comme certains l'appellent, fait une entrée fracassante. On s'attendait à ce que tout le monde rentre se mettre à l'abri sous leurs tôles car les haïtiens craignent beaucoup la pluie. Mais que neni, les enfants se pressent tous sous le petit auvent de l'ingénieur. Je sors une bâche et je m'y installe avec quelques enfants. Un petit me dit qu'il a les fesses trempés, il vient s'asseoir sur mes genoux. On a l'air fins à 10 sous notre petite bâche comme des clandestins. Qu'importe, mon petit gars me donne le sourire. Il est a fond: « ahhh c'est Karaba la sorcière:!!! » « noooon attention Kirikouuuuuu » « je suis sur que Kirikou va gagner » etc. Fin du film, les enfants nous demandent tous à quand la prochaine projection. Jeudi prochain normalement. On démonte le matériel sous la pluie torrentielle. Petite frayeur pour redescendre le 4*4 dans les petites ruelles très très très pentues, glissantes et pleines de gravas.
Bref, première séance pleine de rebondissement mais quel bonheur de voir l'enthousiasme de la population. Notre carburant, ca reste le sourire de ces enfants.
Sinon aujourd'hui dimanche à la maison car je suis un peu malade. Cette semaine, on va essayer de sortir pour se « sociabiliser » car à 3 dans la maison on va exploser. Mais la sociabilisation dans le milieu humanitaire c'est pas mon truc, j'enchaîne les boulettes. Dernière en date : un gars qui me paraissait être un gros dragueur vient me dire « on ne s'est pas rencontrés à l'OIM par hasard? » Il ne me dit rien du tout et j'en viens à la conclusion que c'est juste un moyen d'aborder les filles et de leur demander un truc aussi banal que « on s'est pas vu à la log base? » (là ou il y a l'OIM, et où tout le monde va un jour ou l'autre). Je l'envoie bouler en disant sèchement que j'y suis jamais allée. Puis j'entends que Manon (ma colloc' et l'admin « cash for work ») discute avec lui. Elle vient me voir et me dit « tu te rappelles on l'a vu à l'OIM? » « Ce gars il est super bien placé, c'est avec lui que tu dois voir pour obtenir les tentes (les tentes que je veux avoir pour notre staff qui pour la majorité dort dehors) ». OoOoOoOps.... Voilà il faut toujours être aimable et gentille avec les gens car ici c'est un tout petit monde malsain et tout marche par réseau. Si tu avoir une chance de te faire soigner il est indispensable d'avoir un contact à MSF. Si tu veux des tentes, un contact à l'OIM. Si tu veux que quelqu'un paie ta rançon quand tu te feras enlever, un contact à l'ambassade....etc!

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